top of page
  • Photo du rédacteurVirginie Simona

La guerre des boutons (d’ascenseur)

Dernière mise à jour : 1 nov. 2020

Nous serions « en guerre ». Pas en lutte contre des types armés jusqu’à la mâchoire, ni contre des extra-terrestres descendus de Saturne pour imposer le port de l’anneau à tous les terriens. Non. En guerre contre la fragilité de la vie humaine. Ses accidents. Ses incertitudes. Ses catastrophes.



Il était une fois deux virus : l’un venant d’une chauve-souris passant 20 heures de sa journée à dormir. L’autre émanant d’un pangolin ou d’une licorne à trois pattes, on ne sait pas très bien. Sur un marché d’animaux sauvages, à l’heure de l’apéro peut-être, ces deux virus ont infecté un organisme de manière concomitante. Ensuite, un type qui ne pensait probablement qu’à faire son tiercé a soufflé dans un clairon et nous voici tous contraints de fermer nos bouches et de respirer dans une chaussette. D’appuyer sur les boutons d’ascenseurs avec un bâton de majorette.


A se mélanger à la faune sauvage, à prendre les serpents pour des toutous et les dragons pour du tofu, la planète entière est assignée à résider devant son frigo (pour les plus chanceux) ou à présider devant des malades (pour les plus vaillants).


Nous avons chié sur la biodiversité, pris des avions pour aller déféquer plus loin, et nous voici condamnés à la raie (des fesses). Nous avons tout domestiqué, ôter sa sauvagerie à la planète, fait disparaître la majeure partie de la faune, et voilà que l’homo-sapiens d’un mètre quatre-vingt-dix, plie genou devant un micro-organisme de 125 nanomètres. On pourrait en rire si tout ça ne donnait pas la mort.


La nature nous confine et notre toute-puissance se perd en confettis depuis des semaines. Chacun chez soi donc et les moutons seront bien gardés (par les licornes de nos forêts). Car le plus grand ennemi de l’homme est l’homme lui-même : son avidité, son absence de limites (son bel attachement à Lotus et Lustucru).


12h12. Un rayon de soleil perce la vitre de la chambre, des milliers de poussières dansent dans l’air, étrangement libres de leurs chorégraphies. Dans nos rues, adieu macarena et ronde humaine, la dangerosité du virus comme l’insuffisance criante des moyens pour y faire face, nous obligent à faire des pirouettes en solo devant le miroir, à développer (pour les plus souples) une passion pour le ballet classique. Tout juste précaire et chancelant, l’homo-sapiens. Aussi insupportable dans son hystérie libérale-économique que touchant dans sa fragilité nue.


Il me  reste (même si personne ne m'a rien demandé) à souhaiter du COURAGE à tous : du cou (des coups de chance aux scientifiques, des coups de pouce de la vie aux malades) et de la rage (contre un système décérébré).

172 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page